L’Agence du court métrage a appris avec stupeur que le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes supprimait plus de 50% de la subvention du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand. Depuis un an, nous observons une déstabilisation totale et sans concertation des principaux acteurs culturels de cette région. C’est maintenant au tour du cinéma de subir des restrictions. Jusqu’où va aller ce conseil
régional ?
Priver le Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand d’une partie de ses ressources, c’est s’attaquer au navire amiral du court métrage en France.
Depuis plus de quarante ans, par une programmation éclectique et internationale, ce festival a su non seulement conquérir les spectateurs d’Auvergne et d’ailleurs (plus de 160 000 pour l’édition 2023) et aussi les professionnels venus du monde entier, créant cette alchimie unique qui signe une immense réussite.
Grâce à ce festival, nombre de cinéastes, de comédiens, de techniciens, de sociétés de production ont pris leur envol.
Grâce à ce festival, les cinéastes, leurs producteurs et les institutions cinématographiques du monde entier regardent la France comme une terre dynamique et accueillante. C’est l’un des événements qui étonne les visiteurs étrangers et fait vivre l’exception culturelle française.
Grâce à ce festival, le cœur de la population de ce territoire bat au rythme des découvertes, des nouvelles qu’apporte chaque film d’un coin de France ou d’un pays lointain. Qui n’a pas été ému par les files d’attente mélangeant joyeusement, professionnels du cinéma, spectateurs fidèles des premiers festivals, étudiants et enfants ?
Et ce n’est pas tout, le festival, c’est aussi une association, Sauve qui peut le court métrage, qui mène à l’année un travail d’action culturelle auprès des publics c’est à dire des ateliers dans les établissements scolaires, les EHPAD, les prisons… et des projections partout en Auvergne. C’est une construction patiente et vertueuse, une équipe collégiale, un pôle régional d’éducation aux images, un espace original, La Jetée, mémoire des films courts et lieu de projections alternatives. C’est enfin une telle dynamique que tous les lieux culturels de cette ville se sont assemblés pour porter la candidature de Clermont-Ferrand comme capitale européenne de la culture en 2028, la première étape est franchie, le second tour de la décision est en février 2024.
Devant tant de travail et de résultats quantifiables, comment justifier cette baisse de subvention ?
Pour L’Agence du court métrage, fragiliser le Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, c’est s’en prendre à l’ensemble de la chaîne de création et de diffusion du court métrage car c’est un rendez-vous national et international. Pour notre seule association, c’est là que nous faisons la promotion, pour le monde entier, des 15 000 films de notre catalogue ; où nous faisons connaissance, souvent pour la première fois, des cinéastes et des nouvelles sociétés de production. Par extension, cette décision impactera la diffusion internationale des productions françaises qui se donnent rendez-vous chaque année au Marché du film.
Après deux années de crise sanitaire où nos professions, comme les autres, ont été fragilisées mais combatives, nous vivons cette annonce brutale comme un signal de plus que les enjeux de la création, de la diffusion et de l’éducation artistique sont dans l’angle mort des politiques publiques depuis trop longtemps.
Alors que la compétence culturelle, est, rappelons-le, une compétence partagée, nous demandons aux pouvoirs publics de réagir au plus vite pour dénouer cette situation dramatique et nous encourageons la Région Auvergne Rhône-Alpes à revenir sur cet arbitrage injuste et incompréhensible.
Samedi 13 Mai 2023